Le festival d’Angoulême a consacré ce mercredi soir l’auteur le plus populaire du moment. Riad Sattouf, connu principalement pour ses sagas L’Arabe du futur et Les Cahiers d’Esther, a ce mercredi remporté le Grand Prix d’Angoulême, la récompense suprême du 9e Art. Finaliste face à Alison Bechdel et Catherine Meurisse, il succède à Julie Doucet.
Le Grand Prix intervient surtout pour Riad Sattouf à un moment décisif de sa carrière. L’ultime tome de L’Arabe du futur, bouleversant récit de sa séparation avec son frère, cadet enlevé par leur père syrien, vient de paraître. Le dessinateur a aussi publié Le Jeune acteur, hilarante évocation du parcours de Vincent Lacoste, dont le succès considérable a conforté la place de Riad Sattouf parmi les figures majeures de la BD.
Le Grand Prix vient également saluer un auteur dont la renommée dépasse le milieu de la BD. Également réalisateur (il a reçu le César du meilleur premier film pour Les Beaux gosses et prépare un film avec Les Inconnus), Riad Sattouf est aussi une figure intellectuelle, l’un des rares auteurs de BD dont le regard sur l’actualité compte. En 2017, il a ainsi été l’un des premiers artistes français à appeler à faire barrage à Marine Le Pen.
Connu pour son style en apparence simpliste, qui s’inscrit dans la tradition de la ligne claire d’Hergé, Riad Sattouf est un surdoué du dessin, capable de basculer dans l’ultra-réalisme comme de privilégier le minimalisme, comme son idole Mœbius. Collaborateur de Charlie Hebdo et Fluide Glacial, il a développé en contraste avec sa ligne claire un sens de l’humour potache et provocateur tout en autodérision.