Une semaine après avoir pris le contrôle du réseau social à l’oiseau bleu, le milliardaire sud-africain lui a fait subir une thérapie de choc en coupant la moitié des effectifs sans préavis.
“La confusion et la frustration règnent” à Twitter, titre le New York Times, peu après que le réseau social a vu la moitié de ses employés – soit environ 3 700 personnes sur 7 500 – être brutalement licenciés vendredi 4 novembre
“Lorsque la hache s’est abattue […], elle n’est pas tombée en douceur”, remarque le quotidien new-yorkais. La plupart des salariés limogés n’ont ainsi “reçu aucune notification préalable”, et ont seulement constaté, en voulant se connecter à leurs messageries professionnelles, que celles-ci étaient désactivées.
“Les coupures étaient si aléatoires que lors d’une réunion de fin de soirée sur les abonnements à Twitter Blue, au moins un employé a été exclu des systèmes (de communication) de l’entreprise pendant l’appel”, a raconté une source interne au New York Times. En Irlande ou en Grande-Bretagne, “certains ont appris qu’ils étaient au chômage au milieu de leur nuit”.
“Un bordel incommensurable”
Simon Balmain, un community manager licencié vendredi, a témoigné auprès de CNN qu’il avait perdu l’accès à ses identifiants environ huit heures avant de recevoir un e-mail, vendredi matin, l’informant officiellement qu’il ne travaillait plus pour Twitter, mais sans “fournir de détail” sur les raisons de son renvoi.
La liste des secteurs les plus touchés par cette vague de licenciements donne le tournis : la sécurité des produits, la politique, la communication, la conservation des tweets, l’intelligence artificielle et l’éthique, la science des données, la recherche, l’apprentissage automatique, le bien social, l’accessibilité et “même certaines équipes d’ingénierie de base” selon le site d’information technologique The Verge. Des coupes si massives que des employés travaillant toujours pour Twitter ont expliqué à The Verge, qu’ils “s’attendaient à ce que l’entreprise ait du mal à maintenir son infrastructure critique à court terme”. Ça va être un “bordel incommensurable”, a commenté une source anonyme.
Suspension des investissements publicitaires
Elon Musk a reconnu que la situation était chaotique, tweetant vendredi que sa compagnie avait “connu une baisse massive de ses revenus en raison de la pression des militants sur les annonceurs”. Militants qu’il accuse de vouloir “détruire la liberté d’expression en Amérique”, alors qu’il promet n’avoir “rien changé à la modération du contenu”. “C’est n’importe quoi ! ”, s’emporte le milliardaire plénipotentiaire, visiblement agacé par ce revers de fortune. La publicité représente 90 % des revenus de Twitter.
Ainsi, les fabricants automobiles General Motors et Volkswagen, ou encore le géant américain de l’agroalimentaire General Mills ont annoncé qu’ils “suspendaient leurs investissements publicitaires” sur Twitter, rapporte le Washington Post, qui rappelle également les propos incendiaires du président de la principale organisation américaine de défense des droits civiques, la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP).
“Il est immoral, dangereux et hautement destructeur pour notre démocratie qu’un annonceur finance une plate-forme alimentant les discours de haine, le déni électoral et les théories du complot”, avait déclaré Derrick Johnson après avoir rencontré Elon Musk mardi.
“Un cas d’école sur la façon de ne pas procéder”
Pendant ce temps-là, de nombreux employés de Twitter ont déposé une plainte collective, accusant l’entreprise d’avoir “enfreint les lois fédérales et étatiques régissant les préavis de licenciement”, rapporte Yahoo Finance. En vertu de la loi WARN, “les entreprises comptant au moins 100 employés à temps plein doivent donner un préavis écrit d’au moins 60 jours lorsqu’un licenciement collectif affecte au moins 50 employés ou un tiers du total de sa main-d’œuvre”, selon un avocat du travail consulté par le site financier
“Il n’y a malheureusement pas d’autre choix quand l’entreprise perd plus de 4 millions de dollars par jour”, a déclaré Elon Musk vendredi en fin de journée dans un tweet sur le sujet. “Tous ceux qui ont perdu leur emploi se sont vus proposer trois mois d’indemnités”, a-t-il précisé. Les porte-parole de Twitter n’ont répondu à aucune demande de commentaire de la presse. Ils ont de toute façon été licenciés pour la plupart.
Sandra Sucher, professeur de management à Harvard, spécialisée dans les licenciements, a déclaré au New York Times, “que les coupes de Twitter étaient parmi les plus mal gérées qu’elle ait jamais vu”. Il s’agit même selon elle, “d’un cas d’école sur la façon de ne pas procéder”.