Malgré une nette majorité obtenue jeudi après-midi au Sénat sur un décret-loi soumis à un vote de confiance, le président du Conseil italien, Mario Draghi, a décidé de remettre sa démission au président de la République, Sergio Mattarella, prenant acte de la défection de ses alliés du Mouvement Cinq Etoiles (M5S) sur ce texte économique. Dans la foulée, ce dernier a indiqué dans un communiqué qu’il n’acceptait «pas la démission du président du Conseil et l’a invité à se présenter au Parlement […] afin qu’ait lieu une évaluation de la situation».
En début de semaine, sentant la pression du parti antisystème, membre de sa large coalition gouvernementale qui va de la gauche à l’extrême droite, l’ancien président de la Banque centrale européenne avait en effet indiqué qu’il n’accepterait pas de rester en place avec une autre majorité : «Pour moi, il n’existe pas de gouvernement sans les Cinq Etoiles. Sans les Cinq Etoiles, il n’y a plus de gouvernement Draghi.»
«Le vote d’aujourd’hui au Parlement est très significatif sur le plan politique. La majorité d’union nationale qui a soutenu ce gouvernement depuis sa création [en février 2020] n’existe plus. Le pacte de confiance qui était à la base de l’action du gouvernement est tombé», a-t-il déclaré jeudi soir à ses ministres, réunis pour un dernier Conseil.
C’est par la voix de son leader Giuseppe Conte que la formation populiste M5S a annoncé, dans la nuit de mercredi à jeudi, qu’elle ne voterait pas le document économique du gouvernement, qui prévoit 23 milliards d’euros d’aides aux ménages et aux entreprises pour lutter contre l’inflation. Selon Giuseppe Conte, ces mesures iraient dans le bon sens, mais seraient insuffisantes pour affronter la crise sociale : «Nous ne sommes pas disposés à donner et à concéder un chèque en blanc, non pas par arrogance mais parce que nous sommes sensibles à la souffrance des familles et des entreprises.»
Surtout, le paquet de mesures gouvernementales inclut un projet d’incinérateur d’ordures pour la ville de Rome, qui croule depuis des années sous les déchets. Pour le mouvement fondé par Beppe Grillo et qui, originellement, accordait une forte attention aux questions environnementales, cette solution a été jugée inacceptable car trop polluante et excessivement coûteuse. Conséquence : les 61 sénateurs sont sortis de l’hémicycle au moment du vote.