Les États-Unis renforcent leur offensive diplomatique pour pousser l’Union européenne (UE) à revoir à la baisse son arsenal législatif sur le numérique. En visite à Bruxelles, lundi 24 novembre, le secrétaire américain au commerce, Howard Lutnick, accompagné du représentant américain au commerce, Jamieson Greer, a exhorté les Vingt-Sept à alléger leurs règles, qu’ils jugent trop contraignantes pour les géants technologiques américains.
Cette intervention intervient près de quatre mois après la signature d’un accord commercial entre Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et le président américain Donald Trump. Si cet accord prévoyait notamment une exonération de droits de douane pour certains produits américains, Washington estime que Bruxelles tarde à tenir ses engagements.
Les responsables américains ont rappelé que la Commission s’était engagée durant l’été à supprimer certains droits de douane affectant les exportations américaines. Mais selon eux, l’UE n’aurait pas avancé suffisamment sur ce dossier, d’où cette visite au ton ferme dans la capitale belge.
Au cœur des tensions : la régulation européenne du numérique, qui pèse sur des entreprises comme Apple, Google, Meta ou X. Bruxelles mène plusieurs enquêtes pour pratiques anticoncurrentielles, dont celle qui a récemment valu à Google une amende de 3 milliards d’euros. Le Digital Markets Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA) imposent, selon Washington, un cadre trop strict aux entreprises américaines dominantes dans le secteur.
La Maison Blanche lie désormais explicitement l’allègement de cette régulation à la révision des droits de douane de 50 % actuellement appliqués à l’acier, à l’aluminium et à leurs produits dérivés. « Si l’Union européenne veut une désescalade tarifaire, elle doit revoir ses pratiques discriminatoires », laisse entendre Washington, en brandissant l’arme commerciale comme levier de pression.
Cette stratégie inquiète certains États membres, soucieux de préserver l’équilibre fragile entre souveraineté économique et relations transatlantiques. Mais pour d’autres, notamment ceux dépendant des exportations métallurgiques, l’exigence américaine place l’Europe dans une position délicate : protéger son marché numérique tout en évitant une escalade tarifaire qui pénaliserait des secteurs entiers de son industrie.
Les discussions entre Bruxelles et Washington devraient se poursuivre dans les prochaines semaines, mais le message américain est clair : sans concessions réglementaires, les négociations commerciales risquent de rester bloquées.
